1. Presque toutes les fourbures- et probablement toutes les fourbures associées au pâturage (PAL) sont des fourbures d’origine endocrinienne (EL).
C’est une fourbure causée par un dérèglement de l’insuline (ID). Donc un cheval avec une fourbure d’origine endocrinienne a, ou a eu, un dérèglement de l’insuline.
2. Les seules autres formes connues de fourbure, qui en général implique un cheval transporté en clinique, sont:
- la fourbure associée à une sepsis/infection générale (SRL – Sepsis Related Laminitis) - c’est lorsqu’un cheval est sérieusement malade et développe une fourbure résultant de cette maladie primaire (colite, septicémie, rétention du placenta/métrite, endotoxémie, ingestion massive de grains…).
- la fourbure associée à la surcharge d’un membre (SLL- Supporting Limb Laminitis) – c’est lorsqu’un cheval a une boiterie sérieuse depuis une durée d’au moins une semaine qui l’oblige à reporter tout son poids sur le membre directement opposé (par exemple antérieur droit/antérieur gauche) et développe une fourbure au niveau du pied en surcharge qui porte plus de poids qu’il ne le devrait. Les fractures et infections articulaires peuvent causer une SLL. Un abcès à un pied, non.
Il est peu probable que vous voyez ces 2 formes - The Laminitis Site en a vu moins de 10 sur plusieurs milliers de cas de fourbure.
Quand nous parlons de fourbure, nous voulons dire fourbure d’origine endocrinienne (EL) sauf autres spécifications.
Le SME n’est pas une maladie. C’est une collection de facteurs qui suggèrent que le cheval a un risque accru de développer une fourbure d’origine endocrinienne (EL). Ces facteurs sont actuellement considérés comme étant : un dérèglement de l’insuline (ID) – résistance à l’insuline (IR) et/ou hyperinsulinémie, le surpoids et/ou la présence d’un chignon/dépôts localisés de graisse*, un passé/ historique de fourbure (EL).
* A noter : ce ne sont pas tous les chevaux en surpoids ( obésité générale ou régionale) qui feront un SME ; de même, des chevaux qui ne sont pas en surpoids et n’ont pas de dépôts de graisses localisés pouuront faire un SME, ils sont désignés dans la littérature comme étant le phénotype « mince » -
Parfois, des taux anormaux de triglycérides ou d’adipokines (adiponectine et leptine) sont aussi considérés comme étant des facteurs.
En général, les vétérinaires diagnostiqueront un SME en testant soit :
- l’insuline au repos après qu’un cheval ait mangé du foin (ou de l’herbe s’il n’est pas fourbu)- à noter que la diète avant le prélèvement de sang n’est plus recommandée,
- la réponse de l’insuline au sucre (un test dynamique de l’insuline), qui utilise maintenant plus couramment le test oral au sucre, qui consiste à donner au cheval à l’aide d’une seringue de gavage un sirop de maïs (Karo Light) une heure ou deux avant le prélèvement de sang. A noter que ce test peut augmenter les taux d’insuline de façon significative et ne devrait pas être réalisé quand un cheval a une fourbure. Le test au glucose dans l’alimentation utilise des plus grandes quantités de sucre et peut ainsi causer une réponse de l’insuline plus importante et The Laminitis Site (TLS) déconseille ce test. Actuellement, 2 doses de sirop de maïs (Karo Light) sont utilisées et la diète est recommandée pendant environ 8 heures avant que le sirop soit administré. Voir OST (Oral Sugar Test).
Il est important de se rappeler qu’au moment où vous voyez les signes cliniques de la fourbure (par exemple, la douleur dans les pieds), les déclencheurs de cette fourbure (tels que l’herbe, trop d’aliments riches en sucres/amidon, une période avec peu d’exercices physiques, un traitement corticoïde…) et les taux d’insuline élevés consécutifs à ces déclencheurs, pourraient avoir disparu depuis longtemps. Ainsi, un taux normal d’insuline, au repos ou au test dynamique, n’exclut pas un dérèglement de l’insuline(ID)/ SME comme cause de la fourbure. Un dérèglement de l’insuline (ID)/ SME devrait toujours être admis quand un cheval a une fourbure (quand la fourbure n’est pas de façon évidente de type SRL ou SLL). Si c’est le cas, vous pourriez vous demander, pourquoi alors est-il nécessaire de tester l’insuline. Tester l’insuline vous donne une idée, d’une part, de - à quel point le dérèglement de l’insuline est sévère et donc de- à quel point la gestion devra être stricte, et d’autre part, vous permet de suivre les améliorations.
Actuellement, il n’y a pas de traitements médicamenteux efficaces pour le dérèglement de l’insuline/SME. La Metformine (un médicament utilisé pour le traitement du diabète de type 2 en médecine humaine) est parfois prescrit, mais il n’y a pas de recherche au niveau scientifique prouvant son efficacité, autre qu’une publication qui décrit une baisse des taux de glucose sanguins lorsque de la metformine a été donnée avant un repas riche en sucres. Cependant, cette publication (Rendle et al. 2013) conclut que le bénéfice d’un traitement avec la metformine peut être discutable pour des chevaux recevant une alimentation pauvre en sucres/amidon (ce qui devrait être le cas lors d’ID / SME), et la metformine est définitivement en train d’être abandonnée.
Le SME/dérèglement de l’insuline (ID) est traité par :
- une alimentation pauvre en sucres et amidon- l’alimentation ne devrait pas contenir plus de 10% de sucres (sucres simples ou sucres solubles dans l’éthanol) +amidon,
- une perte de poids si le cheval est en surpoids, visant à perdre pas plus de 1% du poids corporel par semaine et sans restreindre le fourrage à moins de 1,5% du poids corporel en matières sèches sans suivi vétérinaire,
- de l’exercice si le cheval n’a pas de fourbure et si les pieds sont correctement alignés et protégés.
Le DPIP est rare chez les chevaux de moins de 10 ans et assez rare chez les chevaux de moins de 7 ans.
Le dérèglement de l’insuline (ID) et la fourbure d’origine endocrinienne (EL) peuvent être des symptômes du DPIP.
Cependant, ce ne sont pas tous les chevaux avec le DPIP qui auront un dérèglement de l’insuline (ID) et donc ce ne sont pas tous les chevaux DPIP qui auront un risque plus élevé que la normale de développer une fourbure d’origine endocrinienne.
Toutefois, quand un cheval a le DPIP, un dosage sanguin de l’insuline doit toujours être réalisé pour rechercher un éventuel dérèglement de l’insuline afin d’estimer le risque de fourbure.
Un DPIP est diagnostiqué sur la base de l’historique/anamnèse et des signes cliniques, ainsi que par le dosage de l’ACTH sanguin basal/au repos. Si l’ACTH basal/au repos est normal, un test de stimulation à la THR avec dosage de l’ACTH (THR stimulation test) peut être réalisé. Un résultat négatif n’exclut pas nécessairement le DPIP, mais le test de stimulation à la THR peut donner moins de résultats faussement négatifs.
Le DPIP est traité avec le pergolide, médicament souvent vendu sous le nom de Prascend, en utilisant la dose minimale permettant le contrôle des signes cliniques et de l’ACTH. Cela peut demander de tâtonner un peu pour déterminer la dose correcte, car la dose est individuelle à chaque cheval et cette dose peut changer au cours du temps et selon la saison, avec beaucoup de chevaux qui nécessitent une dose plus élevée durant le pic saisonnier d’ACTH (juillet à novembre dans l’hémisphère Nord).
Noter que beaucoup de facteurs peuvent augmenter l’ACTH sanguin, incluant la douleur causée par la fourbure - voir Does a high ACTH result mean my horse has PPID? et donc il est essentiel que les signes cliniques soient présents et que le diagnostic ne soit pas basé seulement sur les résultats sanguins. Cependant, la fourbure peut parfois être le seul signe clinique évident du DPIP, donc il se peut que ce ne soit pas aussi simple que ce qu’il y paraît ! Si un cheval a une fourbure et qu’il y ait une quelconque possibilité qu’il ait le DPIP, un traitement (avec le pergolide- Prascend) devrait être initié. Une fois que la fourbure est sous contrôle, s’il n’y a aucun autre signe clinique et que les tests sanguins sont normaux, le diagnostic du DPIP peut être revu et le traitement éventuellement arrêté.
Comment – ou même, est-il possible que - le DPIP cause un dérèglement de l’insuline n’est pas actuellement connu. Il semble qu’il soit commun pour un cheval ayant/ayant eu un SME, de développer ensuite un DPIP. Donc, il se peut que, dans ces cas, le SME conduise au dérèglement de l’insuline et que le DPIP soit une maladie additionnelle. Quoi qu’il en soit, en attendant une avancée des recherches, le point important à retenir de ceci est que le traitement avec le pergolide/Prascend, seul, peut ne pas permettre le contrôle de la fourbure et la gestion du SME /dérèglement de l’insuline - régime alimentaire pauvre en sucres+amidon, perte de poids si nécessaire et exercice physique si possible- devrait toujours faire partie intégrante du traitement pour un cheval avec fourbure, que ce cheval ait juste un SME ou un dérèglement de l’insuline du au DPIP. En effet, un cheval avec un dérèglement de l’insuline du au DPIP aura le SME (rappelez vous, par définition le SME n’est pas une maladie, c’est une collection de facteurs de risque -dérèglement de l’insuline, adiposité anormale, un passé/historique de fourbures (d’origine endocrinienne).
Maintenant, le traitement implique d’identifier correctement et de gérer /traiter la cause de la fourbure, de faire des radios, de réaligner et soutenir les pieds aussi rapidement que possible.
Pour la plupart des cas de première fourbure sans complication, approximativement, la douleur devrait être soulagée en 1-2 semaines, les pieds devraient être pratiquement réalignés en 1 mois environ et un retour progressif au mouvement sous contrôle devrait suivre le réalignement. Voir Movement - good or bad? Excepté en cas d’abcès qui sont fréquents/ communs quand il y a eu une rotation significative /importante, en particulier lorsque les soles sont fines, vous devriez pouvoir espéré un rétablissement stable suite à une fourbure et vous questionner sur le « pourquoi » si ce n’est le cas.